Ces endroits souvent traversés mais non habités sont des espaces transitionnels. Dans ces espaces spécifiques se jouent la notion de temps. Combien de temps y reste-t-on ?
Mais également des notions qui sont généralement moins abordées telles que les 5 sens et le ressenti de l’ambiance et des atmosphères qui s’y créent. Qu’est-ce que le lieu apporte comme expérience aux passants ? En s’appuyant sur la dimension sensorielle, l’intention est de créer des expériences spatiales et sensorielles pour réinvestir les lieux d’accueil du Vaisseau en augmentant l’expérience des usagers.
Comme évoqué dans l’introduction du mémoire, le Vaisseau est un centre de culture scientifique, technique et industrielle situé à Strasbourg. Il est actuellement destiné aux enfants et jeunes de 3 à 15 ans et dépend du Conseil départemental du Bas-Rhin qui a été à l’initiative de sa création en 2005. En effet, plusieurs thèmes d’apprentissages autour des sciences sont mis à l’honneur :
- Le moi et les autres. Qui suis-je ? Qui sont les autres ? Comment réagir face à un handicap ?
- Le moi et mes idées. Comment libérer sa créativité ?
- Le moi et les machines. Comment appréhender les nouvelles technologies grandissantes, aujourd’hui ?
- Le moi et l’environnement. Qu’est ce que l’environnement ? De quoi est-il composé ? Comment préserver un environnement sain ?
Les activités de l’homme sont aujourd’hui admises comme responsables du réchauffement climatique. La compréhension des causes et des effets du réchauffement est déterminante pour mettre en œuvre des politiques pour sauvegarder notre environnement. C’est en cela que l’écologie est une discipline à la fois scientifique et politique. En effet les sociétés humaines ne pourront pas continuer à se développer sur le même modèle. L’ignorance n’est plus une excuse et l’action politique semble être l’une des rares réponses possibles à apporter au travail des experts écologistes. Je souhaite donc intervenir dans ce sens grâce à ma vision de designer d’espace pour une réponse innovante pour ce thème du moi et l’environnement.
L’écologie, du grec oikos et de logos qui signifient respectivement la maison et la science ou l’étude, est la science de l’habitat. Elle étudie les interactions entre les êtres vivants et leur environnement. Afin de répondre aux problèmes écologiques entre autre à la transition écologique et environnementale, le projet questionne donc les interactions entre les usagers et leur environnement.
Le projet “Des atmosphères créatives : Pulsations spatiales et temporelles de l’accueil” a pour objectif de rendre le Vaisseau médiateur et de sensibiliser les usagers à la transition écologique et environnementale. Par la réalisation de protocoles divers jouant entre la relation espace et temps, le projet consiste à retravailler les espaces accueillants pour créer une mise en condition du visiteur à son entrée au Vaisseau, alliant sensibilité, jeux d’ambiances, préparation physique et mentale. En effet, par la mise en place de structures sur les espaces liés aux diverses séquences d’entrées, cela permet aux différents usagers de déambuler jusqu’à la billetterie du Vaisseau. Il s’agit de créer une “mise en bouche” de ce qui attend les visiteurs à l’intérieur des salles d’expositions du Vaisseau tout en faisant face à des jeux de perceptions favorisant le dialogue, la concentration et susciter l’envie d’en voir plus.
Pourquoi ce projet ?
Comme l’a dit Nelson Mandela "L'éducation est l'arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde...", c’est pour cela que le Vaisseau qui est un lieu d’éducation et ses abords sont des endroits propices pour évoquer des sujets d’actualités nécessitant l'intérêt de tous.
Les espaces de transition et d’accueil du Vaisseau sont des indicateurs de temps et des lieux de rencontres qui méritent d’être fluidifiés pour éviter une concentration trop importante de visiteurs dans les espaces d’entrée. Cependant cela n’est pas toujours possible. Donc pour pallier à cette attente, l’accueil peut être un moment d’éveil de la curiosité du visiteur par rapport à la notion de science. Et ainsi préparer les enfants à de nouveaux sujets d’actualités liés au problèmes climatiques comme prendre soin de leur environnement ou appréhender la culture du vivant, etc.
Pour susciter l’intérêt de l’usager, le meilleur moyen est de solliciter ses émotions et les ressentis de chacun au sein de ces espaces.
Pour augmenter la visibilité du Vaisseau et favoriser la venue des visiteurs, la création de nouveaux dispositifs installés dans la ville semble une réponse adaptée.
De plus, l’APPA approuve que la végétalisation est un moyen de lutter contre le réchauffement climatique dans les villes.
Divulguer un message fort : Le Vaisseau au service de la transition écologique et environnementale.
Le Vaisseau est un nom connoté qui évoque la navigation sur l’eau, dans l’air ou l’espace. On l’assimile directement à bâtiment extraterrien, à un nouvel écosystème, un objet transportant de nouvelles entitées organiques, portées par l’imaginaire des usagers. En effet, dans la Marine, un vaisseau était un navire à voiles puis à propulsion mixte (voiles et vapeur). En architecture, un vaisseau est l'espace intérieur d'un bâtiment le plus souvent voûté. Il est de plan allongé et son élévation correspond à plus d'un étage de l'édifice, c’est-à-dire que sa hauteur dépasse celle d'un étage. Bien que plusieurs définitions existent, le vaisseau apparaît comme l’objet naviguant de nouvelles entités, de nouvelles connaissances capables de semer de nouvelles informations.
Afin de rester dans cette problématique de mouvement, j’ai décidé de m’inspirer d’un célèbre paysagiste et jardinier nommé Gilles CLÉMENT. Il défend la problématique “le jardin libre et en mouvement” abordé dans de nombreux ouvrages tel que dans Le jardin en mouvement publié en février 2017 et explique que les plantes bougent, décident, et subissent des cycles biologiques, elles vont donc proliférer librement. Or lorsqu’une personne commence à apprendre à planter, on lui apprend aussi à tuer. Je vous explique, lorsqu’on essemence la terre, les mauvaises herbes doivent disparaître. Est-ce forcément nécessaire ? En effet, un jardin dit en mouvement sensibilise à la culture du vivant : nous vivons actuellement sur une planète qui peut devenir un jardin en expansion.
Pour la réalisation du projet, en terme de scénographie la plante est libre de pousser sur l’espace où elle est semée. Il est question de mettre en place, en accord avec le Vaisseau, des structures peu végétalisées qui seront vouées à se développer, sur les chemins aboutissant au Vaisseau afin d’augmenter le temps d’apprentissage. Cela permettra aussi de colporter une nouvelle façon de créer un jardin en lien avec la notion de développement durable et de respect de l'écologie du milieu environnant. Ces dispositifs mis en place doivent permettre d'une part aux usagers d'avoir un nouveau regard sur la nature qui nous entoure et d’autre part de réaliser concrètement ce que le jardin en mouvement peut apporter à leur environnement de vie.
→ REF/ Canopées urbaines pour rafraîchir Toulouse (https://www.wedemain.fr/Des-canopees-urbaines-pour-rafraichir-Toulouse_a3792.html)
Quelle forme le projet prend-il ?
En effet, pour créer de l’attrait, de l’intrigue, et en autre, de déclencher des réactions auprès du public, des structures à formes organiques évoquant le vivant vont prendre place. Ces structures (en quelle matière ?) vont sortir de terre peu à peu sur mon terrain de projet et dans ces environs, en prenant l’image de la plante qui grandit, se déplace, se multiplie. Ainsi, partant du Vaisseau, ces dernières vont s’étendre dans la ville de Strasbourg tout comme une plante éparpille ses graines afin d’étendre son espèce et se multiplier. Ici, c’est le Vaisseau qui sème ses savoir et connaissances dans la ville.
De plus, ajouter des jeux de perceptions comme la réflexion du miroir, permet d’ouvrir la vision du visiteur à l’espace hors champ, c’est-à-dire à l’espace extérieur à son champ de vision. Ainsi, cela crée au sein de la micro-architecture une composition spatiale complexe qui entraîne le spectateur dans une expérience contemplative. En se fondant dans l’architecture des lieux occupés, les miroirs modulent l’espace, ouvrent des passages virtuels et effectuent une mise en abyme dans le cadre de l’exposition. Cela permet de faire un parallèle avec le monde de la science : celle-ci se trouve entre le non visible et le visible. Ainsi les dispositifs créés fournissent des expériences contemplatives qui suggèrent un espace ou permettent de découvrir l’environnement autrement. La projection mentale amène donc le corps à s’inscrire dans les espaces créés.
Préconisant depuis quelques années la végétation en ville, et se statuant à la 3ème place de la ville la plus végétalisée de France, Strasbourg apparaît comme “la ville à suivre” auprès des autres communes françaises. De plus, d’après l’APPA (Association Pour la Prévention Atmosphérique), la présence de végétation dans les zones urbaines améliore les conditions de vies des habitants. Elle peut également permettre de sensibiliser les usagers aux des problèmes climatologiques actuels et d’y remédier. Le Vaisseau, un établissement adressé aux jeunes 3 à 15 ans, doit être capable de véhiculer un message de sensibilisation afin d’engager une prise de conscience auprès des usagers. Qu’ils soient enfants, “adonaisants” ou accompagnants adultes, ces dispositifs sont capables de tous les atteindre. Ces structures peuvent interpeller même de simples passants extérieurs au Vaisseau et ainsi éveiller leur curiosité.
Ces dispositifs s’implantent à plusieurs échelles :
À travers trois échelles, tous les dispositifs mis en oeuvre ont pour objectif de mobiliser tous les sens du visiteur pour l’accueillir et le sensibiliser à la transition écologique et environnementale.
Premièrement, afin de recentrer la concentration du visiteur sur ce qu’il s’apprête à découvrir, les structures l’incitent à toucher, manipuler, oser participer et être dans une découverte de l’espace grâce à ses propres ressentis. La façade du Vaisseau, située sur la zone d’entrée de l’établissement apparaît comme le premier élément auquel on fait face actuellement lorsque l’on se rend dans l’établissement. Ainsi, je conçois une structure murale posée contre toute la longueur de cette dernière, comportant une bande végétalisé réalisée avec les usagers, s’écoulant sur le sol au cours du temps afin de créer un effet de propagation, comme expliqué précédemment. Comme évoqué dans le mémoire, il s’agit là de préparer le visiteur à se concentrer, se questionner, être créatif et collaborer avec les autres visiteurs du lieu. En créant chacun l’une des bandes ensemencées, les usagers pourront libérer leur créativité et alterner jeux de miroirs, afin des jeux de perceptions et de reflets. Deuxièmement, , les structures sont étendues jusque dans les espaces environnants c’est-à-dire le rivage. Cela permet de changer les modes de déplacements, d'intervenir dans la séquence d'entrée. Dans les chemins alentours, des objets signaux prennent place afin de guider le visiteurs vers un nouvel espace d'accueil situé dans le coin jardin. Efectivement, l’eau est également une ressource très importante autour du Vaisseau. Ainsi, les installations s’enracinent au bord du rivage, favorisant des jeux de reflets, de perception avec l’eau. Des structures s'installent également sur les routes, dans le même principe: mener le visiteur au Vaissseau.
Plus tard, toutes ces structures s’étalent dans la ville pour sensibiliser les habitants et augmenter le rayonnement du Vaisseau. Ils apparaissent ainsi comme des objets signaux ne demandant qu’à questionnés, être vus, et explorés par les passants tout en végétalisant la ville dans de multiples lieux stratégiques comme les écoles, les places publiques, les axes de passages. Afin d'illustrer cela, je vais me concentrer sur la place Kléber, une place très fréquentée.
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